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La loi du 20 juillet 1885 vint ébranler le vieux dogme de possession commune subordonnée à la gérance omnipotente du mari, en permettant à la femme de faire sans l’autorisation de celui-ci des opérations de Caisse d’épargne. C’était presque un coup de théâtre et la résultante du mouvement d’opinion qui se dessinait alors en faveur de l’émancipation de la femme. Ce ne fut d’ailleurs qu’un coup timide et atténué de mesures restrictives, puisque si la femme pouvait personnellement prendre un livret de Caisse d’épargne, y déposer de l’argent, en retirer à l’insu même de son mari, celui-ci conservait le droit de puiser lui-même à cette réserve et d’opposer au besoin son veto au retrait des fonds.

Il ne faut pas sourire de la prudence que les législateurs ont mise à toucher à l’ancien appareil légal du mariage. Tout ici est profond, se racine à l’âme des intéressés, jaillit de la vie elle-même. Cette loi était urgente ; il fallait l’édicter, mais elle visait les mauvais ménages, ceux où le mari est un despote, un ivrogne et