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tait un procès. Pour la comprendre, il fallait reconstituer le cadre de son existence et l’y situer avec sa beauté, ses yeux de magicienne, son prestige d’intellectuelle, son inexprimable attrait. Oui, dans ce milieu des hôpitaux où, malgré l’afflux des étudiantes, on ne voit pas deux jeunes filles pour dix garçons, on peut imaginer le point de mire qu’elle était depuis quatre ou cinq ans, devant tous les externes ou internes des différents services où elle avait passé. Que d’enthousiasmes avait-elle dû soulever ! Je présumais qu’elle avait dû être aimée bien des fois et follement, car elle le méritait. Mais en bonne logique et sans qu’elle me fit la moindre confidence, je pouvais conclure ce qu’une femme de sa sorte avait pu répondre aux aveux éperdus de ses jeunes camarades. Bien trop fière et se sentant trop exceptionnelle pour engager sa vie au premier carabin venu, alors qu’il représentait le vulgaire parmi les garçons, et elle le rare parmi les filles, elle avait pris une attitude. Elle s’était composé un extérieur de marbre : sa dignité le lui