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pées, des bonbons. » Et vous m’accusiez d’être fière, parce que je vous faisais invariablement la même réponse : « Je n’ai besoin de rien. » Lorsque, devenue jeune fille, j’en fus aux bibelots, aux bijoux, vous m’avez demandé cent fois de choisir ceci, cela.

— Je me souviens ; de ce que je vous offrais, il ne s’est jamais rien trouvé dont vous eussiez besoin, jamais, jamais !

Rien que d’avoir dit cette phrase, il s’était tout attristé. Madeleine comprit et rougit ; ses yeux se perdirent dans la fourrure fauve du manchon. Mais son inconsciente adresse de femme saisit cet émoi naissant du vieil ami.

— Pour une fois, enfin, monsieur Saltzen, j’ai besoin de quelque chose : je vous fais une prière. C’est un lourd sacrifice que je vous demande, mais vous me connaissez jusqu’au fond de l’âme, vous pouvez mesurer ce que sera pour moi ce duel dont je suis la cause…

— Dont vous êtes la cause ! répéta-t-il dans sa stupeur.

Sans lever les yeux, sans le voir, sans comprendre, elle poursuivit :

— Il me semble que, toutes sortes de raisons imaginaires, conventionnelles ou vulgaires, mises