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viendra ; toi, tu me délaisseras un peu ; lui me dira ce que tu n’auras pas le temps de me dire… Je veux une certitude, je veux savoir que nous partirons ; je ne veux pas rester à Oldsburg… Samuel !

Il sentait sur sa poitrine la prière vivante et palpitante de ce jeune corps bien-aimé ; il revit Saltzen dont il avait si souvent appréhendé le charme spirituel, la ressemblance dame avec Madeleine ; il le revit élégant, parfumé, amoureux plus doucement, plus suavement que lui ; son âge incertain, l’équivoque de ces cinquante ans mal accusés, sa laideur fine d’œuvre d’art, les incomparables raffinements de son cœur, tout cela lui constituait des charmes sans pareils. Et à cette minute, Samuel se sentit vraiment triste jusqu’à la mort. Ce qu’il éprouva, ce fut la mort : la mort de sa jeunesse, de son bonheur, de tout ce qui avait été lui, avec la sensation du désagrégeaient intime de la fin, et la douleur du dernier brisement. Et ce qui survécut, ce fut l’être dur, âpre et morne de la fatalité.

— Non, Madeleine, non ; je ne puis pas quitter Oldsburg.

— Alors, s’écria-t-elle effrayée et n’osant comprendre, alors tu me… tu me sacrifies ?