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toi seul ; mure-moi dans ta vie, que je ne sorte plus de toi. Dis-moi des tendresses, parle-moi souvent ; ne me délaisse pas, ne me délaisse jamais, pas un jour ; occupe-moi de toi, rien que de toi ; fais-moi vivre dans ton âme ; tu me l’as tant fermée ! il ne fallait pas… j’ai un peu souffert. Oh ! Sam ! tu ne me dis pas un mot, etje ne sais même pas si je suis pardonnée !

— Que veux-tu ! fit-il amèrement, je cherche pour te plaire ce qu’aurait dit Saltzen à ma place.

— Oh ! mon Dieu ! s’écria Madeleine, il ne m’a pas comprise ! il ne veut pas comprendre ! Mais Saltzen n’est rien entre nous. Saltzen ne m’est rien, entends-tu, rien, ; et j’ai bien acquis, je pense, le droit d’être crue par toi. Samuel, je t’ai dit tout… une seconde mon cœur a viré ; j’ai eu pitié, tendrement pitié de lui. Pardonne-moi, pardonne-moi, mon ami, je souffre !

Il prit sa tête, ses tempes fines qu’il écrasa dans ses mains ; il croyait embrasser une petite fille coupable, et jamais, pourtant, il n’avait senti comme à cette minute le prestige de son esprit délicat, puisqu’il n’osait pas dire un mot. Sa passion avait un langage, ce fut dans ce langage-là qu’il pardonna. Tout eut un sens alors entre eux ; il baisa