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l’émoi de ce vieillard devant elle ; il paraissait en même temps paternel et subjugué. Au moment même où elle sentait monter contre elle, comme une vague méchante et pensante, son peuple armé, au moment où la nation l’abandonnait, cet homme s’improvisait son défenseur en ce lieu subalterne, clandestinement, humblement. Elle eut un instant de détente, et se troublant :

— Je suis touchée, monsieur, très touchée de ce que vous faites ce soir, personnellement.

— L’heure est triste et grave, reprit le vieillard, il faut se hâter.

— Mais que se passe-t-il donc ? demanda-t-elle, en serrant contre elle son fils.

— Tout est à craindre, tout !

Et il eut un geste désespéré, mais reprit aussitôt :

— Il faut se hâter, il faut se hâter.

— Sortons par ici, fit la Reine, entraînant par la main le petit prince héritier.

Elle ouvrit une autre porte, traversa plusieurs pièces en enfilade. On y sentait l’humidité, la moisissure des chambres toujours closes. Visiblement, cette partie de palais était inhabitée. Et Béatrix allait devant, d’une allure ferme et vive, s’éclairant d’une petite lampe qu’elle avait saisie sur un gué-