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IX

LE RÊVE DE MADELEINE

Ignorant tout, paisible dans son sommeil, à cette heure-là Madeleine rêvait.

Ses yeux clos virent d’abord des choses grises : un jour de crépuscule, un fleuve sur lequel un bateau glissait ; elle fut tout à coup à l’avant, regardant l’eau fendue par l’étrave, une eau sans poids, dont les vagues chevauchaient l’une sur l’autre comme gonflées d’air. Puis on côtoya une île verte, et les rives étaient ici tellement rapprochées, que les flancs du bateau les frôlaient. Un phénomène survint : le printemps, un printemps soudain de cataclysme déroula les bourgeons, développa les feuilles, et des frondaisons s’étendirent si touffues, d’un bord à l’autre, que le