Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/24

Cette page n’a pas encore été corrigée

la Reine, devant laquelle elle allait paraître pour la première fois.

— Voyons, Wartz, fit tout bas l’oncle Wilhelm en se retournant, seriez-vous venu si la réception eût été rue aux Juifs ?

— Pourquoi pas ? Vous savez comme je suis curieux de tout : je suis venu pour voir, pour chercher un spectacle.

Ils s’arrêtèrent. Saltzen s’appuya du genou sur la banquette de velours rouge qui se trouvait là, contre le mur ; Madeleine regardait valser.

— Mon cher ami, je vous le dis, si vous êtes ici ce soir, vous le républicain… le révolutionnaire, c’est que ce bal a été présenté comme une chose démocratique ; vous saviez qu’on y danserait à nu sur les dalles, qu’on se cognerait aux murs municipaux, qu’il n’y régnerait nulle étiquette, et que la Délégation s’y trouverait beaucoup moins chez la Reine que chez le peuple. La preuve en est que vous avez tout à l’heure exprimé cette impression, nébuleuse en votre esprit. Hansegel savait cela, — le diable d’homme sait tout — à moins que ce ne soit la Reine elle-même, car cette créature est peut-être plus capable encore…

— Mais enfin, monsieur Saltzen, interrompit Madeleine, quel genre de femme est-ce, la Reine ?