Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/188

Cette page n’a pas encore été corrigée

souffle d’un grand vol d’oiseaux ! Celles-là semblaient avoir gardé, dans le style, le tremblement de cette heure. Les créatures d’exaltation qui les avaient conçues avaient encore l’illusion de sa présence en écrivant, et devant lui, leurs phrases demeuraient timides et mesurées. Des billets de province, au contraire, la timidité et la mesure étaient exclues. Ici, Samuel Wartz n’existait plus qu’en figure imprécise dans ces cerveaux d’enthousiastes. Elles lui prêtaient toute beauté, mais aussi toute immatérialité ; elles lui parlaient comme à un esprit irréel, et avec d’autant plus de liberté qu’elles ne l’avaient jamais vu et ne le verraient sans doute jamais. Et toutes ces lettres étaient signées de jolis prénoms, de noms de fleurs, parfois. Myosotis lui écrivait : « Vous êtes le Messie de la grande époque qui va s’ouvrir ; mon esprit, sans vous connaître, vous attendait, et je souffrais de vous. » Nielle des champs confessait : « Je me sens une âme faite uniquement pour vous ; je ne me nourris que de votre pensée depuis votre révélation. Je ne sais si vous répondrez à ces lignes, mais je reste consacrée à vous ; je m’emploierai toute à la diffusion de votre pensée ; je suis votre disciple, je vivrai pour vous — et j’ai vingt ans ! » Et Héliotrope : « Je suis