Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée

prononcés hier : ceux de la fatalité démocratique ! Ce que nous vous supplions de faire, car vous serez toujours celle qui dispensé des grâces, c’est de méditer cette vérité, de la comprendre de couronner votre glorieuse tâche par l’acte qui ferait de Votre Majesté la Reine suprême de l’Histoire, de qui l’on pourrait dire « Après qu’elle eut tout donné à son peuple, elle lui donna encore la Liberté ! »

Elle laissa tomber ce verbe de ses lèvres dédaigneuses, comme s’il les eût souillées en passant :

— Abdiquer ?

On ne comprend pas, personne autre que les monarques ne peut comprendre absolument l’opprobre de ce mot ; ils ne le prononcent pas, ils l’évitent, et les reines ont une sorte d’honneur caché et mystérieux qu’il offense. Dans la bouche de Béatrix ce cri eut la violence d’un mot grossier que la colère aurait arraché à sa dignité. Mais déjà le visage de Samuel rayonnait. L’abdication, la cérémonie sublime, l’apothéose du peuple !…

— L’Europe admirerait… prononça-t-il.

Et il s’arrêta net. Du fond de la ville, au milieu de mille bruits confus qui se noyaient les uns les autres, comme des ondes, une sonnerie de clairon, lointaine, étouffée, vint jusqu’ici, une