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ce qui l’étouffait de colère, et souvent, au milieu d’une phrase, un soubresaut de sa poitrine l’arrêtait. Elle en voulait au cabinet démissionnaire pour sa défection ; elle en voulait à Nathée, à la droite royaliste, aux infâmes qui avaient osé, sous ses yeux, acclamer la République, aux traîtres libéraux qui étaient jusqu’ici son appui le plus ferme, malgré leur indépendance d’idées, croyait-elle, à cause de cette indépendance réellement. Elle se sentait offensée comme jamais reine ne le fut. Hélas, ces libéraux avaient applaudi Wartz ! Après cet outrage, sur qui compterait-elle désormais ?

Et quand, femme habile dans la détresse, elle eut bouleversé les esprits de cet homme agité qu’elle avait devant elle, quand Wallein eut subi, jusqu’au fond de lui-même, l’émotion de voir ce douloureux courroux de reine, quand elle le sentit ému de cette auguste pitié qui ne se définit pas, celle qu’inspire la douleur et l’humiliation des grands, elle dit :

— Monsieur le délégué, c’est en vous désormais que je place ma confiance ; c’est vous que je charge de former le nouveau ministère. Vous le choisirez acceptable à tous, et capable d’être fidèle à la Constitution.