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Wartz continuait de gratter du bout de l’ongle la moulure de sa règle, comme un homme qui ne pense à rien. À ce moment, il se fit un grand silence. On vit au fond de la tribune royale la portière rouge se soulever ; deux chambellans, deux gardes blancs, hallebarde au poing, vinrent se ranger aux deux côtés, et la reine entra.

Cette arrivée, alors qu’on ne soupçonnait rien d’alarmant et que la Révolution fatale demeurait si lointaine et imprécise, fit courir dans toute la salle un frisson tragique. Le public surtout, moins prévenu que les Délégués, en conçut une impression de terreur. On dévorait des yeux la souveraine pour lui arracher le secret de son acte, mais elle était impénétrable. Très imposante dans sa robe de velours noir, avec son ordinaire quiétude, elle promenait les yeux longuement, froidement sur l’Assemblée.

— La séance est ouverte, dit le président de Nathée dont la voix vibra longtemps dans l’enceinte silencieuse.

Wartz songea comme la veille : « C’est la grande arène. » Et surchauffé, enfiévré par les paroles de Saltzen, il eut cette idée que comme dans les scènes antiques, ils étaient, la Reine et lui, deux gladiateurs qu’on mettait en présence devant l’amphithéâtre haletant.