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Mandrier pensa enfin à sonner. Fleuriot, toujours debout, ne quittait pas du regard cette figure qui se durcissait en pierre, soudain, et il lui récitait intérieurement une litanie aimante et désolée Mon Maître admirable… Mon Maître infiniment bon… Mon Maître parvenu à la perfection… Mon Maître conscience formidable… C’était tout ce qu’il pouvait penser. Mais Le Goff, le valet de chambre, ouvrit brusquement la porte :

— Monsieur a-t-il passé ?

— Oui, Le Goff, dirent les deux jeunes gens, à l’instant même.

— J’aurais dû être là, dit Le Goff, en secouant la tête.

Le Goff était vieux, d’une figure marine, le menton rugueux comme du granit et les yeux bleus de paysan léonard. Il s’approcha du lit. Fleuriot et Mandrier s’écartèrent.

— En vingt ans de temps, murmura le serviteur fidèle, il ne m’avait pas dit une mauvaise parole.

Puis, des larmes arrêtées dans les rides de ses joues râpeuses, il dit à Fleuriot :

— La salle à manger et le cabinet de Monsieur sont bondés de journalistes. Faut vite faire ce qu’il faut. Ensuite on appellera le monde. Fleuriot et lui commencèrent les rites funé-