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de dévouement, venez déjeuner demain chez moi, et ce sera notre repas de fiançailles.

Ne vous y trompez pas. Il ne s’agit pas ici d’une comédie destinée à illusionner un malheureux, d’une parole arrachée au comble de la pitié et qu’on oubliera plus tard. Non, non ! Camille a bel et bien résolu d’épouser in extremis son ami d’enfance. Le banquier Bresle a l’âge de toutes les patiences. Il attendra. Pour elle, c’en est fait : son tendre cœur ne laissera point disparaître le charmant Prosper sans lui avoir fait connaître quelques semaines divines. Ô romanesque générosité ! Ô soif d’abnégation ! Ô admirable économie d’une vie de femme ! Ô ordonnance parfaitement mesurée de la sagesse et de la folie, de l’abandon et du calcul ! Ô point de perfection où en est arrivée la raison féminine du siècle !

Cependant, Camille doit sonner, car voici Prosper privé de sentiment, la tête rejetée en arrière, prête à glisser vers l’abîme. Son bonheur trop grand a provoqué une syncope…

Le seizième arrondissement n’eut pas assez de mots pour louer Camille. Tous ses amis versaient des pleurs en racontant, en exemple aux jeunes