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ICARE.


Toi seules beau, Soleil, et toi seul resplendis
De tous les joyaux de l’aurore !


Il a dépassé Cythère. À la hauteur où il est parvenu, il domine maintenant toute l’Hellade, avec ses îles, ses cités, ses rochers, ses péninsules et ses montagnes. La mer Égée scintille dans la lumière, les Cyclades émergent des flots l’une après l’autre, pareilles à un chœur d’Océanides pétrifiées dans leur danse par quelque subite apparition méduséenne. Plus loin, c’est la masse rocheuse du Péloponèse, l’Attique ensoleillée, les Sporades, et plus loin encore, au delà de Samos et de Lesbos, la Troade, les colonies, ioniennes, l’Asie… De tous les points de l’horizon, des appels, d’abord confus, puis de plus en plus forts, parviennent à Icare et finissent par étouffer la voix stridente des Vents.


CHŒUR DES PEUPLES


Toi qui troubles la paix du ciel inviolé,
Salut, ô voyageur errant dans les nuages,