Page:Yourcenar - Le Jardin des chimères.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

T’emporteront plus loin que la Mer Ténébreuse,
Vers les rives de l’Île heureuse,
Où la vague riante et chantante s’endort
Sur les plages de sable d’or !
Viens ! Notre souffle énorme et rugissant balance.
Dans le désert plein de silence,
Les palmiers dont les fruits sont de vivants joyaux.
Au fond des sépulcres royaux
Nous avons vu briller, aux feux des lampadaires,
L’anneau des gemmes légendaires
Qui donnent le bonheur, la force, et la santé !
Viens ! Suis-nous dans l’immensité.
Roi de plus de splendeurs que le ciel n’a d’étoiles !
Viens ! Le vent hurle dans les voiles !
Éole, Boréas, Aquilon et Zéphyr,
De Golconde au lointain Ophir,
Nous soutiendrons ton vol d’un souffle de rafale !
Viens ! Suis-nous ! L’heure est triomphale !
Écoute les démons indomptés et hardis.
Leurs voix âpres dans l’air sonore !