Page:Yourcenar - Le Jardin des chimères.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

 

Voici revenir les galères,
Les navires aux voiles claires
Et les trirèmes sur les eaux !
Le Printemps sourit à la terre.
Voici revenir les oiseaux
Vers l’Île heureuse de Cythère !

Le battement des rames d’or
Cadence le profond silence,
Et Zéphyr avec indolence
Pousse la barque qui s’élance
Vers Cythère invisible encor !
Les passereaux volent, rapides.
Le battement des rames d’or
Se mire dans les flots limpides…


Le chant devient de plus en plus fort. La ville de Kypris apparaît, lumineuse et blanche, dans la ceinture argentée des petites vagues. Des jardins s’étagent au flanc des collines ; des cyprès lèvent leur pointe noire parmi les orangers chargés de fruits. Des cascades de fleurs descendent des rochers ; des pins se penchent vers la mer qui les reflète ; des fontaines resplendissent dans des vasques de marbre. Autour