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Que sa flamme ne te dévore !
Qu’un brusque tourbillon ne t’emporte au delà
Des mondes où jamais le jour ne ruissela,
Que jamais n’embellit l’aurore !

Le dieu ne peut t’aimer car l’amour est humain !
Tu l’appelles ! Il va poursuivant, son chemin
Sur son harmonieux quadrige !
Il ne t’écoute pas ! Tu t’élances en vain !
Et tu retomberas de l’Ouranos divin
Pris d’épouvante et de vertige !

Viens à nous ! Redescends ! Il en est temps encor !
Arrête pour nous voir ton épuisant essor
À travers la flamme et les nues !
Descends ! Puisque le vent fait résonner nos voix.
Puisque nous t’appelons, et puisque tu nous vois
T’implorer, lascives et nues !

Viens ! Tu reposeras au fond de nos palais.
Sous des voûtes d’albâtre où tremblent des reflets