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Roulent, éperdus, dans l’espace ;
Où, laissant un sillage éblouissant et clair
Dans le nuage obscur et menaçant, l’éclair
S’allume, resplendit et passe.

Dans la rafale ardente, au ciel étincelant,
Tu montes, plein d’espoir, d’un trop rapide élan.
Vers les étoiles trop lointaines.
Emporté par ton rêve impossible et fervent,
Tu montes, oublieux, vainqueur !… Déjà le vent
Lasse tes ailes incertaines !

Plus haut ! Toujours plus haut ! D’un vol fougueux et sûr
Tu vas jusqu’au Soleil ! Tu baignes dans l’azur
De l’air qui frémit et s’embrase !
Sans craindre de tomber dans l’abîme inconnu,
Vers le Roi flamboyant tu montes, soutenu
Par la lumière et par l’extase !

Tu tends les bras vers lui ! Tu regardes les cieux !
Ah ! Crains que sa splendeur n’éblouisse tes yeux.