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SCÈNE II


Le ciel. — Le vol tournoyant des oiseaux, le passage rapide des nuages légers, le vent qui passe, les rayons qui glissent, — le frémissement de la lumière…

En bas, la Mer de Crète, les alcyons rasant les flots, les rochers noirs émergeant de l’écume argentée, la transparence des eaux profondes où s’abritent les Sirènes et leurs fantastiques palais sous-marins devinés à travers l’ondulation des vagues. — Les queues aux écailles chatoyantes resplendissent au soleil, les torses ruisselants d’eau se soulèvent, les bras hâlés se tendent, les lourdes chevelures traînent dans leurs boucles dénouées tous les trésors inconnus des abîmes. — Dans le silence sonore, les voix des Filles de la Mer montent jusqu’à Icare dont le vol, d’abord très lent, s’accélère peu à peu.


CHŒUR DES SIRÈNES


Viens à nous ! Viens à nous ! Détourne tes regards
De l’énorme Empyrée où les astres hagards