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ICARE, à genoux, le visage tourné vers l’Orient.


 C’est l’heure ! Tout le ciel s’enflamme !
Rapide, la clarté grandit !
C’est l’heure ! Il monte, il brille, il resplendit
Sur l’Univers qui le réclame
En s’éveillant avec effroi
Des songes malfaisants et des fièvres nocturnes…
Les Bacchantes ont fui, Hélios, devant toi !
Les bois sont de nouveau calmes et taciturnes,
La rougeur du lointain s’accroît…
Je t’adore, clarté du premier crépuscule !…
Et quand l’immense Nuit, en pâlissant, recule
Là-bas, à l’horizon,
— Malgré les arbres noirs de ma sombre prison.
Quand debout dans l’air qui flamboie,
Je te revois monter. Soleil !
Je sens comme l’aurore au firmament vermeil
Mon cœur s’illuminer de joie !

Il se lève.