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végétales la vague apparence d’êtres maléfiques. La ronde des Bacchantes se déroule toujours entre les troncs fleuris.


Dieu des sortilèges, des charmes,
Ô toi qui calmes les alarmes,
Qu’Ariane, à travers ses larmes,
Vit, un soir, sur le sable ardent,
Marcher vers elle en lui tendant
Les perles du ciel d’Occident !

Toi qui fais oublier la détresse passée,
Les espoirs à jamais perdus…
Toi dont le chant berceur assoupit la pensée,
Qui, debout sur le seuil des Jardins défendus,
Appelles au repos ceux dont l’âme est lassée
Des chemins trop ardus…

Époux de Perséphone aux royaumes funèbres
Où les Ombres des morts pleurant dans les ténèbres
Se souviennent du firmament…
Roi de tout ce qui fut, de tout ce qui doit être,
toi qui fais mourir, qui meurs et qui fais naître,
Dominateur du monde, impitoyable amant