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Mes chansons te donnaient cette ineffable paix
Que les hommes n’ont pas, mais que gardent les choses.
Et c’est pour moi jadis que tu cueillais les roses
Que le souffle du soir endormait sur ces bords…
Souviens-toi ! Souviens-toi !


ICARE, tristement.


Souviens-toi ! Souviens-toi !J’étais enfant alors.


RHODÉIA.


Toujours et malgré tout tu cherches la Chimère.


ICARE, avec une émotion qui fait trembler sa voix.


Non ! j’ai vu s’effacer ce beau rêve éphémère !
Je ne la cherche plus ! Je suis las. À quoi bon
Quitter ce Labyrinthe, insensé vagabond ?…
Et, s’il n’existe pas, à quoi bon la lumière ?


RHODÉIA.


De qui veux-tu parler, Icare ?