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De rayons errants, de pâleurs,
D’étoiles.
J’ai brodé d’un or presque éteint,
D’un reflet de lune argentin,
D’un azur de mer incertain
Mes toiles.

J’ai chanté la chanson des eaux,
Celle du vent dans les roseaux,
Et celle qu’inspire aux oiseaux
L’aurore.
J’ai rêvé des songes divins,
Des fantômes charmants et vains
Que la pourpre des soirs sylvains
Colore.

Et j’aimais tout ce qui s’enfuit :
Les parfums vagues de la nuit,
La clarté tremblante qui luit
Dans l’ombre,
La fragile blancheur des lys,
Les pétales si tôt pâlis