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Parler avec mystère un divin Messager.

S’agenouillant.

Éloignez-vous. Je reste ici, dans ce verger,
Pour veiller près de lui. Le ciel est encor sombre.
Les Bacchantes pourraient venir chanter dans l’ombre.
Leurs voix le troubleraient dans son calme sommeil.
Mais moi, je veux ici sourire à son réveil,
L’adoucir au rappel d’une chanson lointaine…
Peut-être craindrait-il votre beauté hautaine,
Et vous le feriez fuir, mes sœurs aux cheveux d’or !
Je reste. Laissez-nous. Allez,
Je reste. Laissez-nous. Allez, Je l’aime encor
Et ma voix dans la nuit sera moins incertaine.


Pendant qu’elle parle, Earina et Eucharis s’éloignent. Tout redevient silence et la nuit semble plus profonde, n’étant plus éclairée par la blancheur de leurs voiles.


RHODÉIA, restée seule et toujours agenouillée, chante à voix basse, monotone et lente :


J’ai tissé mon voile de fleurs.
De fils aux changeantes couleurs,