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SCÈNE III


Le Labyrinthe. L’entrée d’un palais archaïque un peu semblable à un temple. Fronton triangulaire soutenu par six colonnes doriques. Porte de bronze aux étranges bas-reliefs vers laquelle monte un grand escalier de marbre blanc. Le cercle étroit de la forêt ferme de toutes parts l’horizon. Il y a là des chênes, des cyprès et des cèdres. Sur ce fond sombre, les métopes du fronton dessinent plus nettement leurs lignes multicolores. Le jour s’endort dans un ciel pâlement bleu.

Icare est assis sur la marche la plus basse de l’escalier et s’adosse au socle d’une statue athlétique d’Hélios, pareille à celle que sculpta plus tard Kanakhos de Sicyone. Il tient entre les mains un papyrus déroulé qu’il ne lit pas. Dédale, entièrement drapé dans une robe noire à larges manches brodées d’hiéroglyphes, est debout, appuyé contre une colonne. Il parait très vieux et sa barbe est très blanche. Le père et le fils sont tous deux immobiles. Dédale médite, Icare rêve. Les plis du manteau que porte celui-ci semblent continuer les belles lignes du marbre, et la tristesse de l’enfant est sœur du calme sourire d’Apollon.