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Ne plus devoir baisser la voix
Par crainte d’éveiller la Nymphe ou le Satyre
Qui nous raille parfois
Et parfois nous attire…
Et, libre, aller par de nouveaux chemins
Sous le joyeux Soleil !… Pouvoir plonger les mains
Dans l’eau glacée
Et boire ! Et sentir sa pensée
Se dissoudre enfin dans cette eau !…
Mais j’ai soif et la source est chaude…
Je ne puis m’échapper ! Et j’entendrai bientôt
Frôlant ces mousses d’émeraude
Où des fleurs s’ouvrent sous ses pas,
L’Amour qui vient cueillir et tresser l’herbe amère…
Mais à quoi bon rester ? Je sais que la Chimère
Ne viendra pas…