Page:Yourcenar - Le Jardin des chimères.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

 
En vain je cherche un flot limpide, une onde fraîche,
Je ne les trouve pas ! Et j’entendrai bientôt
Si je m’arrête,
Ou l’appel d’une Nymphe, ou la chanson d’un dieu…
Ou, sans bruit, passant en ce lieu.
Pan, qui déjà m’épie au fond de sa retraite.
Viendra pour se mirer ou pour boire à son tour,
Ou bien l’Amour…
Il viendra cueillir l’herbe amère…
Des fleurs s’ouvriront sous ses pas…
Mais à quoi bon rester ? Je sais que la Chimère
Ne viendra pas…
Oh ! Parcourir un jour les routes de la terre !
Fuir ce Labyrinthe habité
Par le mystère !
Et pauvre, ignoré, solitaire.
Boire à ta source pure, ô froide Vérité !
Voir Hélios, enfin ! Vivre son rêve,
Oublier la forêt, oublier l’Aegipan,
Les arbres d’où le nard s’écoule et se répand
Comme une sève.
Et les ruisseaux de miel coulant au fond des bois !…