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Je suis Pan, le désir, le rêve.
L’oubli…


RHODÉIA.


Maîtresse à qui jamais l’Amour ne résista !
Mère des Éros, ne me sois pas cruelle !
Ô toi qui fais sourire ! toi qui fais fleurir,
Regarde ! Je suis jeune, et si blonde, et si belle…
Écoute ! Un cœur de Nymphe est-il fait pour souffrir ?
Je l’aurais tant aimé !… Chaque matin je tresse
Une guirlande fraîche et je viens t’implorer.
Tu ne peux pas vouloir que j’apprenne à pleurer !
toi qu’on dit si douce, exauce-moi. Déesse !


On entend de nouveau bondir le Dieu aux pieds de chèvre. Rhodéia tourne la tête. Le rire moqueur de Pan interrompt la prière de la Nymphe prête à fuir.


LA VOIX DE PAN, très proche.


Mon chant est celui de l’été.
Mon chant est celui de la sève.