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LA VOIX DE PAN.


La forêt tressaille à ma voix.
Mon souffle est l’âme de la Terre.
Je suis la fraîcheur, le mystère,
L’haleine paisible des bois.

Mon chant est l’âme du silence…


Mais tandis qu’Earina et Eucharis, curieuses, suivent encore des yeux Icare qui s’est élancé à travers la broussaille, Rhodéia s’est rapprochée de la statue d’Aphrodite. Câlinement, comme on fait à une personne très chère, elle entoure de ses bras le cou de la déesse, et, se haussant vers elle, lui parle presque à voix basse, avec l’intonation chantante et tendre des enfants qui supplient.


RHODÉIA.


Mon chant est l’âme du silence…Kypris Aphrodita !


LA VOIX DE PAN, au loin.


Mon chant est celui de la sève,
Mon chant est celui de l’été.