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EARINA.


Viens ! Les fleurs sous tes pas naîtront dans les forêts,
Les grands arbres ploieront sous leurs rameaux plus denses
Les fruits seront plus doux et les ruisseaux plus frais.


EUCHARIS.


Nous te devons les monts où bondissent les chèvres,
Et l’effleur caressant du Songe aux ailes d’or.
Et le vol des chansons se posant sur nos lèvres.


EARINA.


Nous te devons l’amour, le frémissant essor
De l’espoir qui fait fuir les terreurs et les fièvres,
Les sourires joyeux et les baisers du Sort.


EUCHARIS.


Nous t’aimons… Que serait, sans toi, le Labyrinthe ?
Les roses, les vergers et leur fleuve enchanté ?
La mousse où les pieds nus laissent leur fraîche empreinte ?