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Mon chant est celui du frelon,
Et de la cigale cachée.
Son écho fait, dans le vallon,
Trembler la source effarouchée.

Mon chant est celui de l’été.
Mon chant est celui de la sève.
Je suis Pan, le désir, le rêve.
L’oubli, l’amour et la gaîté.


La mélodie du chant divin s’éloigne. On entend encore :


Et sur l’herbe fleurie où l’ombre et la lumière
Dansent au bord de l’eau qui murmure et s’épand,
Écoute ! Écoute ! Au fond de la clairière,
Le rire insoucieux de Pan !


Depuis quelques instants déjà, dans la clairière pleine d’ombre, trois Nymphes sont apparues. Leur groupe enlacé s’est approché silencieusement de la statue d’Aphrodite. Elles s’arrêtent. Leurs voiles légers ont la transparence bleuâtre des brumes matinales, et semblent, comme celles-ci, frémir dans la lumière qui les pénètre et qui s’y joue. Avec des gestes calmes, d’une harmonie presque musicale, les Nymphes couronnent de guirlandes nouvelles le front souriant de Kypris, déesse de la jeunesse, de