Page:Yourcenar - Le Jardin des chimères.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

SCÈNE PREMIÈRE


Un sous-bois profond, ténébreux. Sur l’herbe, à travers les feuillages épais, dardent les flèches d’or du soleil, plus aiguës dans cette pénombre fraîche. Au fond, à demi cachée par l’enchevêtrement des branches, on aperçoit une clairière déserte où se dresse une petite statue d’Aphrodite sur une stèle enguirlandée de roses. C’est le matin. L’air est limpide et printanier. Dans le silence, on entend les vibrations confuses de la forêt, et par instants, le son très doux et presque insaisissable de la flûte de Pan.


LA CHANSON LOINTAINE DE PAN


C’est l’heure harmonieuse où la tiédeur s’épand
Sous les rameaux noueux qu’argente la lumière,
Où l’Hadryade écoute, au bord de la clairière,
La flûte lointaine de Pan.