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Sur les éternels désespoirs
Nous pleurons, tristes sœurs, dans l’air vibrant des soirs

— Voici le calme Crépuscule !


CHŒUR DES SIRÈNES


Toi, repose du moins, à jamais délivré
Des doutes angoissants, du remords enivré
Et des voluptés qui déchirent.
L’impassible Néant t’a repris tout entier
Et tu t’es endormi dans le silence altier
Où toutes nos rumeurs expirent.

Le Temps qui saisit tout ne peut plus te saisir,
Tu ne sentiras plus l’aiguillon du désir,
Ni l’âpre fouet de la souffrance
Faire frémir ta chair et ruisseler ton sang.
Tu n’apercevras plus, mirage éblouissant,
Briller la perfide espérance…