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Le chant des flots se meurt dans l’air silencieux,
Et l’on entend à peine à l’horizon des cieux
Le chœur étouffé des Sirènes…

Dans l’air sonore et pur les voix semblent changer.
C’est l’heure de tristesse où viennent s’allonger
Les ombres des monts sur la terre.
Sur l’âme le regret paraît s’appesantir,
Et l’esprit attentif croit soudain ressentir
L’apparition du Mystère…

Les rires et les pleurs, les rythmes et le bruit
S’éteignent… Les rayons retombent dans la nuit.
La lumière en vain dépensée
Disparaît à jamais dans cette éternité
Où sombrent, chaque jour, la joie et la beauté,
Et la douleur, et la pensée…

Dors ! Demain comme hier, demain comme aujourd’hui
Le jour remplacera le jour qui s’est enfui.
Les vaincus reprendront courage