Page:Yourcenar - Le Jardin des chimères.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHŒUR DES SIRÈNES


Tout est calme. La mer, pacifique, se tait.
C’est l’heure où le Soleil qui tantôt s’arrêtait
Au fond des cieux pleins de sa gloire,
S’incline lentement et tourne vers le Nord
Ses chevaux flamboyants qui se cabrent encor
En redescendant vers l’eau noire.

Le soir vient… Tout est las, les hommes et les dieux.
Une vague pitié semble tomber des cieux
Sur le lourd désespoir des choses ;
Et le Sommeil propice aux douces visions
Effeuille les pavots de ses illusions
Sur les paupières déjà closes.

Le Jour, prêt à mourir, est las d’avoir vécu.
Il livre son visage enfiévré de vaincu
Aux effluves du crépuscule,