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plonge, avec une ferveur de plus en plus enivrée. La chaleur devient intolérable.


ICARE.


Toujours plus loin ! Toujours plus haut !
Mes ailes ploient !
J’étouffe dans cet air trop chaud
Où des cercles de flamme et des rayons tournoient
Sur un ciel de plus en plus noir !
Hélios ! Secours-moi ! Je ne puis plus te voir !
Viens ! Ne me laisse pas succomber au vertige,
Tomber, sans avoir pu t’atteindre et te bénir !…
Tu viens ! C’est toi ! J’entrevois ton quadrige,
J’entends tes étalons hennir
Dans l’ardeur des courses suprêmes !
Je n’ai jamais douté ! Je savais que tu m’aimes !
Et je sais que tu dois venir
Me prendre, me sauver, m’emporter dans ta flamme !
Hélios ! Tu viens ! Prends mon âme !
Entraîne-moi dans ta clarté !
Ou, si je dois tomber, foudroyé, dans le vide,