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LA VOIX MENAÇANTE DES VENTS.


Malheur à toi ! Malheur à toi ! Malheur à toi !
Insensé ! La chaleur s’accroît !
Les rayons, flèches d’or, aveuglent tes prunelles !
Va jusqu’aux flammes éternelles !
Atteins celui pour qui tu dédaignes nos voix !
Atteins-le ! Celui que tu vois
Poursuivre dans les cieux sa course indifférente !
Bientôt la clarté fulgurante
Consumera ton aile ! Ah ! Tu fermes les yeux !
Non ! Monte encore, audacieux !
Va ! Ne le lasse point ! Sois fort ! Ton vol s’élève
Vers l’impassible firmament !
Monte ! Et connais enfin dans la douleur trop brève,
Du dernier éblouissement,
La désillusion d’avoir atteint ton rêve !


Un silence. Il monte toujours, aveuglé, défaillant. On ne voit plus la terre. Tout s’est tu. Le ciel est un océan de flammes déferlantes dans lequel Icare