Page:Yourcenar - Le Jardin des chimères.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour les sacrifier ! Pour rejeter toujours
Ces fardeaux convoités des voluptés mortelles,
Dont s’appesantiraient les ailes
Qui me soulèvent jusqu’à toi !
J’approche… Ta douceur immense me convie.
Ta lumière pénètre en moi !
Soleil ! Je viens ! Puisque ma vie
N’est qu’un rapide instant de ton éternité,
Puisque mon âme
Ne fut qu’une étincelle errante de ta flamme,
Qu’un rayon obscurci de ta divinité,
Prends-moi ! Je voudrais disparaître,
M’anéantir dans ta clarté.
Mourir en toi ! Plonger dans les sources de l’Être !
Renaître, m’embraser et m’abîmer encor
Dans ta splendeur dévoratrice,
Échapper au désir, à l’espérance, au Sort,
Et savourer l’extase ardente de la mort
Libératrice !