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Vents qui dans le calme des airs
Faites vibrer d’effroi les cordes de la Lyre
Et palpiter les voiles noirs
De la Vierge debout au fond des cieux énormes !
Je ne vous entends plus ! Et vous, flambeaux des soirs,
Lueurs des pénombres sans bornes,
Étoiles qui veillez lorsque les cieux s’endorment,
Astres, fruits d’or tombés de l’arbre de la Nuit,
Nébuleuses sortant des brumes condensées,
Comètes, peuple errant qui passe et qui s’enfuit,
Plus fugace que des pensées
Presqu’effacées,
Mes yeux ne vous voient plus ! Je ne vois plus que Lui,
Le seul Soleil dont la lumière
Fasse naître la joie et naître la prière
Dans l’univers pacifié
Par le doux regard de l’aurore !
Je viens à toi, Soleil ! J’ai tout sacrifié !
Et je voudrais connaître encore
Des mondes plus nombreux, de plus grandes amours,
D’autres trésors, d’autres tendresses,
D’autres ivresses,