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en couleur, d’une saveur riche, à 20 sous la bouteille ; dans la campagne, il n’en coûte que 10. Horizon étendu aux approches de Châteauroux. Vu les manufactures. — 40 milles.

Le 3. — Nous sommes tombés, à environ 3 milles d’Argenton, sur un paysage admirable, malgré sa sévérité : c’est une vallée étroite entre deux rangs de collines boisées, se resserrant, de façon à être embrassées d’un coup d’œil, pas un acre de sol uni, sauf le fond, que sillonne une petite rivière baignant les murs d’un vieux château placé à droite, de façon pittoresque ; à gauche une tour s’élève au-dessus des bois.

Argenton. — J’ai gravi les rochers qui surplombent la ville, et une scène délicieuse s’est offerte à mes regards : la vallée, qui a 1/2 mille de large, 2 ou 3 de long, fermée, à l’une de ses extrémités, par des collines, à l’autre par Argenton et les vignes qui l’entourent, présente des traits assez abruptes pour former un ensemble pittoresque ; dans le fond, la rivière serpente gracieusement au milieu d’innombrables enclos d’une charmante verdure.

Les vénérables ruines d’un château, situées près du spectateur, sont bien faites pour éveiller les réflexions sur le triomphe des arts de la paix sur les ravages barbares des âges féodaux, alors que chacune des classes de la société était plongée dans le désordre, et les rangs inférieurs dans un esclavage pire que celui de nos jours.

De Vierzon à Argenton, plaine unie et semée de bruyères. Pas d’apparence de population, les villes mêmes sont distantes. Pauvre culture, gens misérables. Par ce que j’ai pu voir, je les crois honnêtes et industrieux ; ils paraissent propres, sont polis et ont bonne