de l’affection envers le souverain mais aussi de cette douceur et de cette humanité pour laquelle on l’a si longtemps admiré, que l’on admet cette supposition sans horreur ni remords. En un mot, la ferveur de la liberté est maintenant une sorte de rage ; elle absorbe toute autre passion et ne laisse paraître aux regards que ce qui promet d’assurer cette liberté. Dîné en grande compagnie chez M. de Larochefoucauld ; les dames, les messieurs faisaient également de la politique. Je dois remarquer un autre effet de la révolution, qui n’a rien que de naturel, c’est l’amoindrissement ou plutôt l’anéantissement de l’énorme pouvoir du sexe ; auparavant les dames se mêlaient de tout pour tout gouverner ; je vois clairement la fin de leur règne. Les hommes de ce pays étaient des marionnettes mues par leurs femmes ; au lieu de donner à présent le ton, elles doivent, dans les questions d’intérêt national, le recevoir et se résigner à se mouvoir dans la sphère de quelque chef politique, c’est-à-dire qu’elles sont redescendues au niveau pour lequel la nature les avait créées ; elles en seront plus aimables et la nation mieux gouvernée.
Le 11. — On dit que les troubles de Versailles sont sérieux, et on parle de complots ; 800 hommes seraient en marche à l’instigation d’une certaine personne, pour rejoindre ici certaine autre personne, dans l’intention de massacrer La Fayette, Bailly et Necker ; chaque moment voit naître les plus sottes rumeurs. Il a suffi de cela pour que M. La Fayette publie hier une instruction sur le mode à suivre dans le rassemblement de la milice au cas d’alarme soudaine. 800 hommes avec deux pièces de canon sont de garde tous les jours aux Tuileries. Rencontré ce matin quelques royalistes soutenant que l’opinion publique, dans