de lentisques ; quelque arbousiers vers Fréjus. Très peu de culture avant la plaine qui y touche. J’ai traversé 30 milles aujourd’hui ; 5 sont tout à fait incultes. La côte de Provence présente partout le même désert ; cependant le climat devrait permettre de trouver sur ces montagnes de quoi nourrir des moutons et du bétail, au lieu d’y laisser des broussailles inutiles. Il vaudrait bien mieux que la liberté fît voir ses effets sur les champs qu’à bord d’un navire de guerre. — 30 milles.
Le 14. — Je suis resté à Fréjus pour me reposer, examiner les environs, quoiqu’ils n’aient rien de beau, et préparer mon voyage à Nice. Il y a des restes d’un amphithéâtre et d’un aqueduc En demandant une voiture de poste, je trouvai qu’il n’y avait rien de semblable ici ; je n’avais d’autre ressource que les mules. Je m’arrangeai avec le garçon d’écurie (car le maître de poste se croit trop d’importance pour se mêler de rien), et il revint me dire que cela ne me coûterait que 12 liv. jusqu’à Estrelles. Un pareil prix pour 10 milles monté sur une misérable bête, c’était engageant : j’offris la moitié ; le garçon m’assura qu’il m’avait dit le prix le plus bas et s’en alla croyant me tenir sous sa griffe. J’allai me promener autour de la ville pour recueillir quelques plantes qui étaient en fleurs, et, rencontrant une femme qui menait un âne chargé de raisin, je lui demandai à quoi elle s’occupait ; un interprète me répondit qu’elle gagnait son pain à rapporter ainsi du raisin. Je lui proposai de porter ainsi mon bagage à Estrelles (l’Esterel), et lui demandai son prix. 40 sous. Elle les aura. Le point du jour étant pris pour heure de départ, je retournai à l’hôtel au moins en grand économiste, épargnant 10 livres par ma marche.