Autant cette figure a de caractère, autant celle de Rabaud-Saint-Étienne a de nullité ; elle lui fait tort cependant, car ses talents sont incontestables. On semble d’accord que si le comte d’Artois l’emporte dans le conseil, M. Necker, le comte de Montmorin et M. de Saint-Priest se retireront ; en ce cas, la rentrée triomphale de M. Necker aux affaires est inévitable. — Ce soir. — Le plan du comte d’Artois est accepté ; le roi le déclarera demain dans son discours ; M. Necker a offert sa démission, que le roi a refusée. On se demande maintenant quel est ce plan.
Le 23. — Le grand jour est passé : dès le matin Versailles semblait rempli de troupes ; vers dix heures, on forma la haie dans les rues avec les gardes françaises, quelques régiments suisses, etc. La salle des états était entourée, des sentinelles postées à tous les passages et à toutes les portes ; aucune autre personne que les députés n’était admise. Ces préparatifs militaires étaient mal entendus, car ils semblaient trahir l’odieux et l’impopularité des mesures que l’on allait proposer, et l’attente, peut-être la crainte, d’un mouvement populaire. On déclarait, avant que le roi eût quitté le château, que ses projets étaient hostiles à la nation par la force qui paraissait les escorter. C’est cependant le contraire qui a eu lieu : on connaît les propositions ; ce plan avait du bon, on accordait beaucoup au peuple sur des points essentiels, et cela avant que les états eussent pourvu aux difficultés de finances qui les ont fait réunir, en leur laissant ainsi plein pouvoir de faire ensuite, dans l’intérêt de la nation, ce que les circonstances auraient permis ; il semble qu’ils eussent dû accepter, moyennant quelques garanties pour leur future réunion, sans laquelle rien n’est assuré ; mais