du royaume, est une excellente occasion pour un voyageur désireux de connaître les coutumes et le caractère d’une nation. J’ai toute raison d’être satisfait de l’expérience, car elle me fait jouir constamment des avantages d’une société libre et polie, dans laquelle prévaut, éminemment, une condescendance invariable, une douceur de caractère, ce que nous appelons en anglais good temper ; elles viennent, je le crois au moins, de mille petites particularités sans nom, qui ne sont pas le résultat du caractère personnel des individus, mais apparemment de celui de la nation. Outre les personnes déjà nommées, nous avons encore dans nos réunions : le marquis et la marquise de Hautfort (d’Hautefort) ; le duc et la duchesse de Ville, la duchesse est une des meilleures personnes que je connaisse ; le chevalier de Peyrac ; M. l’abbé Bastard ; le baron de Serres ; la vicomtesse Duhamel ; les évêques de Croire (Cahors ?) et de Montauban ; M. de la Marche ; le baron de Montagu, célèbre joueur d’échecs ; le chevalier de Cheyron et M. de Bellecombe, qui commandait à Pondichéry, et fut pris par les Anglais. Il y a aussi une demi-douzaine de jeunes officiers et trois ou quatre abbés.
S’il m’était permis, d’après ce que j’ai vu là, de hasarder une remarque sur le ton de la conversation en France, j’en louerais la parfaite convenance, bien qu’en la trouvant insipide. Toute vigueur de pensée doit tellement s’effacer dans l’expression, que le mérite et la nullité se trouvent ramenés à un même niveau. Châtiée, élégante, polie, insignifiante, la masse des idées échangées n’a le pouvoir ni d’offenser ni d’instruire ; là où le caractère est si effacé, il y a peu de place pour la discussion, et sans la discussion et la controverse, qu’est-ce que la conversation ? L’humeur