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tenait désormais de plus près que lui à la famille Edmonstone. Il le vit demander la lettre de Laura, puis recevoir gaiement les commissions qu’Amy lui donnait en riant et en parcourant sa réponse inachevée. Des gens qui ne regardaient qu’à la surface, pensa Philippe, diraient qu’ils sont bien assortis. Et certainement ils seraient heureux ces pauvres jeunes gens, si cela pouvait durer. Ensuite Walter et Amy, parlant de la lettre de Charles, dirent quelque chose d’un admirateur de Laura. Le monde entier aurait pu l’admirer, qu’il n’aurait pas douté de son cœur ; les plaisanteries de Charles n’ébranlaient pas sa confiance ; mais quel supplice d’entendre parler ainsi, sans oser faire une question ! Walter et Amy le croyaient occupé à lire et ne parlaient pas pour lui. Mais ce qu’ils dirent ensuite le força de montrer qu’il écoutait.

— Qui ? Laura ?… Vous dites qu’elle a été malade ?

— Pas précisément, répondit Amy. Le docteur Mayerne dit que ce n’est rien ; mais elle est triste et abattue, et maman croit qu’il faudrait qu’elle eût plus de distraction.

Philippe ne laissa pas échapper un soupir, malgré le poids qu’il sentait sur sa poitrine, en songeant qu’il était la cause des peines de Laura. Hélas ! il ne pouvait rien faire pour elle, et il fallait qu’elle souffrît encore longtemps en silence, tandis que ces deux jeunes gens, parce qu’ils étaient riches, pouvaient être heureux, légers, insouciants. Il les croyait légers, parce qu’ils étaient gais, et il se figurait qu’ils