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malgré lui, quelque atteinte, cela lui donnait de l’humeur. Cependant la bonne réception de ses cousins le rendait par moments tout à fait gracieux.

À l’hôtel, il leur donna les lettres qu’il avait reçues par méprise. Il lui semblait qu’il avait plus de droits qu’eux-mêmes à celle de Laura ; et, pendant que Walter et Amable lisaient, Philippe demeura seul à se promener en long et en large dans leur salon. Ils revinrent bientôt. Walter se mit à écrire sa réponse ; Amable arrangeait quelques livres et travaillait à sa broderie, comme elle aurait fait chez elle.

Philippe regarda les livres.

— Avez-vous ici Childe-Harold ? demanda-t-il. Je voudrais y revoir un passage.

— Non, nous ne l’avons pas.

— Walter, vous n’oubliez jamais la poésie ; vous souvenez-vous de ces lignes sur un brouillard dans la vallée ?

— Je ne les ai jamais lues. Rappelez-vous que vous m’avez conseillé de ne pas lire Byron.

— Comptez-vous suivre ce conseil toute votre vie ? s’écria Philippe, qui vit de la malice dans cette réplique. Ce que je vous disais concernait plutôt ceux des ouvrages de Byron qui pervertissent le cœur, que ceux où il décrit la nature.

— Je crois, dit Walter, qu’après l’Écriture sainte, la nature est la chose que j’aimerais le moins à entendre interpréter par Byron. Depuis que je sais ce qu’il était, je me suis cru obligé de suivre votre avis au pied de la lettre. Je crois qu’il est dangereux d’é-