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calme que d’habitude, et l’on répondait aux plaisanteries de M. Edmonstone sans entrer dans sa gaieté. Walter allait et venait sans cesse pour servir Charles, ce qui interrompait la conversation. Ainsi, le seul fait qu’on éclaircit fut l’arrivée tardive de ces messieurs la veille au soir. M. Edmonstone avait cru que Walter, comme Philippe, l’avertirait quand ce serait le moment de partir, et Walter, voulant modérer son impatience, avait laissé passer l’heure pour ne pas la devancer.

Madame Edmonstone se dit à elle-même qu’il pourrait disputer à Amy le prix de la patience. La seule différence était que cette vertu était facile et naturelle à la jeune fille, tandis que Walter n’y parvenait qu’avec effort.

Comme on se levait de table, Walter s’approcha d’Amy, que, jusque-là, il avait à peine osé regarder, et lui dit bien bas :

— Pourrais-je vous parler un moment ?

Amy rougit, et sa mère ayant indiqué le salon, elle s’y rendit avec Walter. Elle n’essaya pas de cacher son embarras en jouant avec les fleurs de la cheminée, ou avec ses bagues ; mais elle s’assit, les mains jointes et la tête baissée, prête à écouter ce qu’il avait à dire.

Il garda le silence un moment, et s’approchant d’elle enfin :

— Amable, dit-il, je voudrais que vous réfléchissiez mûrement, avant de décider s’il est vraiment désirable pour vous…