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— Walter ! Walter ! cria-t-elle encore. Où était-il ? Elle ne l’entendait plus siffler. Il l’entendit pourtant et répondit :

— Ici !

— Secourez-moi ! s’écria-t-elle ; mais à sa joie momentanée vint se joindre l’horrible pensée qu’il ne pourrait pas la secourir, qu’il glisserait lui-même.

— Prenez garde au gazon ! cria-t-elle encore. Elle sentait qu’elle ne pourrait tenir la branche longtemps, qu’elle tomberait dans l’abîme ; alors que deviendrait-il ? Ce moment lui parut une heure.

— Je viens ! tenez-vous ferme.

Elle entendit sa voix au-dessus d’elle. Elle priait avec ferveur ! Être perdue avec son époux si près d’elle ! Cependant pourrait-il se tenir assez bien sur le gazon pour la soulever ?

— À présent, dit-il, parlant du rocher sous lequel croissait le buisson, je ne puis pas vous atteindre, à moins que vous n’éleviez votre main, votre main gauche. Lâchez ! à présent !

Ce fut un affreux moment. Amable ne pouvait le voir, et il lui semblait que lâcher la branche c’était mourir. Elle tenait justement avec la main gauche la branche la plus forte, et une espèce d’instinct l’empêchait de la quitter. Mais elle avait l’habitude d’obéir et de se confier, et tendit sans hésiter sa main gauche.

Que joie indicible de sentir la main de Walter, forte comme l’acier, saisir son poignet, au moment même où le buisson se déracinait ! Si elle avait tardé