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Après que les nouveaux mariés furent montés en voiture, on fit placer Charles dans son petit phaéton. Charlotte, qui tenait à gagner sa faveur, voulut le conduire, parce qu’elle comptait remplacer en tout Amy auprès de lui. Madame Edmonstone demanda à Laura si elle n’aimerait pas à conduire elle-même son frère. Mais elle répondit que non ; elle était mieux en état de répondre à de jeunes filles qu’aux remarques de Charles.

Quelqu’un dit qu’il allait pleuvoir ; mais Charlotte plaida encore.

— Eh bien, venez petite fille, dit Charles, retrouvant sa bonne humeur ! Prenez garde seulement de verser.

Charlotte conduisait avec un grand soin ; au bout d’un moment, elle poussa un soupir et s’écria :

— Cette fois il est notre frère ! il n’y a plus rien à craindre.

— C’est vrai, dit Charles.

— Vous aviez donc aussi de l’inquiétude ? J’en suis bien aise. C’était comme dans un livre, et je craignais toujours de voir paraître le terrible Philippe.

— Comme une espèce d’ogre. Il me semblait aussi, par moments, le voir arriver pour s’opposer à ce mariage, toujours pour le bien d’Amy, cela va sans dire. Mais il ne peut les séparer maintenant, et je suis bien aise que le nœud soit serré, car il semblait qu’une espèce de fatalité s’y opposât toujours.

— C’est vrai, dit Charlotte, c’est peut-être comme l’histoire de Rosaura et de sa famille ; ne savez-vous